Les soignants se battent chaque jour pour sauver des vies. En supprimer reviendrait à saper la relation de confiance entre soignants et soignés.
Toute vie mérite d’être protégée
Prendre soin, c’est accompagner.
Pas abandonner.
La sédation ? Autant que possible légère et réversible.
Le but de la sédation, tel que préconisé par les recommandations de bonnes pratiques est de diminuer la perception de la douleur. En règle générale, elle est utilisée en cas de détresse pour des patients en phase terminale d'une maladie, lorsque tout autre recours a montré ses limites. Car la sédation profonde enlève toute capacité d'expression et de relation.
Un éventuel risque d'abréger la vie est assumé, mais non recherché.
Il faut privilégier les sédations légères (proportionnées aux symptômes) et réversibles car elles permettent de maintenir une relation (même intermittente) avec le patient, relation qui est aussi thérapeutique et qui peut être précieuse pour les proches et la famille du patient.
Elles sont efficaces lorsqu'elles suffisent à atteindre le but recherché : soulager.
La nécessité de ce type de sédation est soumise à des réévaluations régulières ; elles peuvent ainsi être levées ou prolongées.
Attention à la systématisation de la sédation profonde et continue !
La mise en place d'une sédation "profonde et continue jusqu'au décès" donne un caractère irréversible à la sédation. Elle ne doit intervenir qu'en dernier recours, exceptionnellement, car elle prive le patient de toute liberté.
Un risque pour la relation
Un tel traitement ne permet plus l'intervention de professionnels dont l'écoute et l'action fait pleinement partie de la prise en charge palliative (psychologues, kinésithérapeutes, praticiens de l'hypnose etc.). Il ne faudrait pas que la modification de la loi en 2015 (instaurant un droit à la sédation profonde et continue jusqu'au décès) aboutisse à occulter la valeur de la parole et de la relation pour le soulagement des patients et de leurs proches.
Un risque de confusion
Les objectifs de cette forme de sédation sont "d'éviter toute souffrance" et "de ne pas prolonger inutilement sa vie". L'expression "ne pas prolonger inutilement sa vie" peut générer une ambiguïté : elle est juste s'il s'agit d'éviter les traitements inutiles ou disproportionnés; elle est dangereuse si elle laisse entendre qu'une telle sédation doit provoquer la mort. La loi serait plus claire si elle avait explicitement exclue l'intention de tuer. Et qu'est-ce qu'une vie inutile ?
Éviter les dérives
L'obligation d'engager la sédation quand le patient demande l'arrêt d'un traitement qui le maintien en vie ouvre la porte à une dérive. Compte tenu du flou de l'expression "maintien artificiel de la vie", des patients qui ne sont pas en fin de vie pourrait "obtenir" leur mort dans un délai rapide, ce qui risque d'introduire une forme de suicide assisté dans notre législation.
Éviter la confusion entre "traitements" et "soins"
Il n'est pas approprié de présenter l'alimentation et l'hydratation artificielles exclusivement comme des traitements. Une fois les dispositifs installés (traitements), ce sont des soins dus aux personnes. Sauf quand, en toute fin de vie, l'alimentation et l'hydratation, devenues inutiles, nuisent au confort et au bien-être d'un patient.
Préconiser l'arrêt systématique de tout traitement en fin de vie n'est en outre pas légitime. Certains traitements, si leur usage n'est pas délétère à l'état du patient, s'ils ne sont pas démesurés, peuvent s'avérer utiles. Leur arrêt peut être sous-entendu comme une intentionnalité d'abréger la vie.